Bien qu'il y'ait de nombreux commentaires à émettre, on s'abstiendra à ne relever que deux éléments au sein de cette interview de 1967 : D'une part, il est choquant d'entendre Bourguiba parler du peuple tunisien qu'il a «dressé à la politique internationale». Il n'est pas du ressort du président de la République - aussi jeune soit-elle- de dresser le peuple. Au président de la Tunisie, en tant que chef de l'exécutif, de s'assurer que les choix souverains de la nation soient respectés. D'autre part, curieux propos de Bourguiba qui parle de ses pairs arabes, lesquels accèdent au pouvoir par le biais des «putschs» et autres coups d'Etat. Bourguiba semble amnésique quant aux conditions qui firent de lui le président de la République. Il n'a, en effet, jamais voulu admettre son coup d'Etat et encore moins à le justifier. Les «putschistes» et à leur tête Bourguiba n'utilisèrent pas l'argument de l'instauration d'un nouvel ordre de légalité pour justifier leur «coup» mais des arguments fondés sur une nouvelle interprétation du droit. Le premier président de la République, soucieux de son image d'homme d'État légaliste, expliqua, très maladroitement d'ailleurs, que l'abolition de la monarchie s'est effectuée non pas en vertu d'une nouvelle légalité mais dans la continuité du droit en vigueur, puisque l'abolition du beylicat -avait il affirmé en d'autres circonstances-, a eu lieu «dans le cadre de la loi [...] et conformément au droit en vertu duquel l'Assemblée constituante a été élue». Or, ceci est faux, puisque l'Assemblée constituante élue sur la base du décret beylical du 29 décembre 1955 ne détenait pas le pouvoir constituant originaire. Elle détenait un mandat dont l'objet était strictement limité à l'élaboration d'une Constitution monarchique. Ainsi, le fait d'abolir l'ordre beylical, incarne sans la moindre ambiguïté un authentique coup d'Etat. Qu'ultérieurement, ce coup d'Etat ait pu être qualifié de légitime -ce qui est largement admis- ne disqualifie pas sa nature illégale au regard du régime aboli. Enfin, et pour comparer le comparable, Bourguiba demeure, sans doute, l'un des moins mauvais chefs d'Etat Arabes et certainement loin au dessus de la médiocrité de son successeur Ben Ali
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